Sunday 20 April 2014

La cuillère en bois que t'utilises pour mélanger les choses comme le café ou bin les nouilles.

« Y’a plein de textes qu’on aurait pu écrire, mais que par choix, on a pas écrit. » 
Catherine Gadbois (environ verbatim) 






Si tout le monde se trouve con pis a envie de se tuer, mais que personne le fait, au final l’arbre dans la forêt est-tu tombé pareil ?

Une fois j’ai eu un kick sur un gars qui ressemblait pas mal plus à un fantasme digne d’un film de cul de la section teacher/student sur tubegalore. J’me serais assise à un pupitre en mini-jupe pis je l’aurais écouté (regardé) parler pendant des heures avec des close-ups en HD sur sa bouche en train de prononcer des mots compliqués, parce que maudit que y’articulait de façon érotique. Pis c’est pas parce qu’il disait des choses sexuelles ou particulièrement intelligentes. I guess que c’est plutôt parce que y’était bin beau dans l’éclairage du Cagibi, avec sa snapback pis ses skinny jeans, pis ses souliers de hipster, parce que si ça avait été des rellignes de skate, ça aurait été un douchebag. Ou bin peut-être que c’est parce qu’i’ commandait des trucs pas sucrés au Starbuck’s. Mon ex, lui, commandait toujours des affaires sucrées pis en secret je trouvais pas ça très masculin, mais ça c’est pas bin grave parce que c’est pas vrai qu’un gars ç’a besoin d’être 100% masculin, pis en plus y’était cute. Pis aussi c’est mon ex.

Une fois aussi, bin une autre fois, j’étais avec la plus vieille des filles de mon parrain pis on a amené des couvertes rose pâle sur le quai au chalet pis y’avait du soleil pis un peu de vent. On s’est couchées sur le quai, j’avais mon Moleskine qui m’a coûté 16$ pour 50 feuilles blanches, pis i’ faisait comme bleu-jaune-sépia dehors, pis j’ai dit maudit que j’aurais dû amener mon iPhone ça aurait don’ faite des beaux instagram. 200+ notes sur tumblr en dedans de 3 heures garanti, une nouvelle profile pic Facebook taggée #selfie, 75 likes, de quoi rendre mon frère de 14 ans jaloux. Ana pis moi, on a jasé un instant de comment la chaise ou au moins la bûche en bois ç’tun construit social plus qu’un invention. Ç’a l’air bin sérieux vite de même, mais c’était all for the lol. 

Tout ça pour dire que c’est tu si nouille que ça, une fille ? C’est tu parce que ça choisit de mettre de l’importance dans le goût en cafés pis la courbure des lèvres d’un dude plus-que-semi-cool quand il dit haha lol, dans le linge pastel, les chandails en laine faux-DIY pis dans les beaux cahiers pour écrire, que ç’tun sous-être humain ? 

Réveille. T’es pas un tortellini. On t’as pas faite en usine, on t’a pas conservée dans un sac avant de te jeter dans l’eau bouillante pour voir comment tu te débrouilles, pour après te pitcher contre le mur pour voir si t’es cuite, si t’es plus nouille qu’une autre — même si c’est quand même hot un peu, comme allégorie de la vie. Ok, des fois ça serait bien agréable, d’être un spaghetti bin peinard dans la sauce parmesan-crème, surtout en avril quand ta flamme vient de te sacrer là, pis qu’i faut que t’aies des bonnes notes, une cool job pour l’été, des cool bottes de pluie qui coûtent cher pis un hot bod’, mais que la vie ç’tun beau mélange de vomi pis de slush dégueu sur le bord de chaque rue. Mais t’es pareil pas une nouille, que t’aime Spinoza, ou bin commander des rondes de 9 shot de Tequila pour tes amies le mercredi soir, ou bin le Rooibos au choc’lat blanc chez David’s Tea qui coûte environ 6$ la poche, ou bin ces trois choses, ou bin d’autres trucs. Pis j’espère que les filles qui passent leur névrose en écrivant des textes pseudo-philosophico-sexo-psycho-cool-pas-de-ponctu’ sur Internet te bourreront pas le crâne de filles-rigatoni, molles parce que romantiques, molles parce que jeunes, molles parce que mêlées, etc. 

Parce que toi, t’es plutôt comme une chaise : un construit social épique, l’addition de centaines et de centaines d’autres pas-nouilles venues avant toi. 

T’es des cicatrices, un regard, une voix, deux bras pour te garder la tête hors de l’eau quand l’hiver dure trop longtemps, deux pieds pour courir l’été ou bin pour défoncer des crânes d’hommes à coups de stilettos ; t’es dix doigts qui ont pas peur de se salir, dans le vernis à ongles comme dans la bouette, deux mains qui savent faire plein d’affaires que je sais pas faire, comme jouer au basket, conduire une auto, trouver du nice linge dans une friperie, faire un smokey-eye parfait ou un tartare au smoked salmon ; t’es une commande de Starbuck’s peut-être sucrée, peut-être pas, pis t’es une chaîne, ou deux, ou mille, de tubegalore que personne ou tout le monde a besoin de connaître ; t’es un revenu d’impôts, un numéro d’assurance sociale, un like sur Facebook. T’es une histoire que même si je me force bin, bin fort, pis que je bûche pendant des jours et des nuits, je pourrais pas écrire sans botcher.

Fait que chère fille de 14 ans qui a vraiment peur de perdre sa virginité, chère fille qui s’épile le poil des bras parce que ça la complexe, chère fille qui vient de se faire dire qu’elle se maquille mal, ou trop, pis que c’est « pas naturel » ; chère fille de 19 ans, assise sur un quai en avril qui se demande quand est-ce qu’à va arrêter de penser à son ex ; chère fille qui aime donc pas ça, le sour puss, pis qui trouve qu’à boit beaucoup de bière à comparé de ses amies, chère fille qui boit 3 litres de sour puss par semaine, pis chère fille qui refuse de fitter dans une catégorie, répète après moi : 

Tu 
n'es
pas
une
nouille. 

Nobody puts baby in a casserole.

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